Noms des exoplanètes : L’UAI n’achète pas
L'Union astronomique internationale (UAI), sorte d'ONU des astronomes, vient de déclarer qu'elle ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands.
Cette déclaration est surtout motivée par le lancement, il y a quelques mois, du site Uwingu. Ce dernier invite le public à proposer des noms, ou à voter pour les différentes propositions, moyennant respectivement 4,99 et 0,99 dollars.
« Alpha Centauri est ennuyeux ! »
L'objectif affiché d'Uwingu est de donner des noms populaires aux planètes (« Alpha Centauri est ennuyeux, nous pouvons faire mieux !» peut-on lire sur la page d'accueil du site) ; mais aussi de financer des projets de recherche.
Avec les 6000 dollars récoltés à ce jour, Uwingu a fait des dons au Allen Telescope Array (ATA), à l'association « Astronomers without borders », ainsi qu'à deux programmes de formation scientifique.
Barack Obama, Asimov et les autres
La consigne d'Uwingu pour baptiser les planètes est simple : chaque nom doit compter 50 caractères (uniquement latins) au maximum, faire référence à toute langue ou culture, et ne pas être obscène.
À ce jour, plus de 1200 propositions de noms ont été enregistrées. Dont certaines sont pour le moins folkloriques : on notera qu' « Asimov » a recueilli 39 votes, « No more taxes » (plus jamais d'impôts), 34, « Barack Obama », 41, « Super Mario », 13...
L'UAI, seul arbitre
Dans son communiqué, l'UAI insiste sur le fait qu'elle est « le seul arbitre, soutenu par la communauté des astronomes, dans le processus de nomenclature » et que la commission 53, chargée de la nomenclature des objets astronomiques, ne prendra pas du tout en compte les noms proposés en dépit du prix payé et du nombre de votes reçus.
Débat entre les astronomes
Néanmoins, poussée par de telles initiatives, l'UAI doit désormais statuer sur la question du nom des planètes. Plusieurs astronomes, dont Alfred Vidal-Madjar, de l'IAP, ou Geoffrey Marcy de l'université de Berkeley (l'un des conseillers scientifiques d'Uwingu) se sont déjà positionnés, notamment dans les colonnes de “Ciel & Espace”, en faveur de noms plus populaires.
D'autres, en revanche, y sont défavorables. Michel Mayor, de l'observatoire de Genève, codécouvreur de 51 Pegasi b, la première planète extrasolaire, déclarait ainsi (dans “Ciel & Espace” de février 2010) que les noms « populaires perdent l'information contenue dans la désignation actuelle des exoplanètes ».
Comprenez : ces noms ne disent pas autour de quelle étoile une planète tourne, quelle position elle occupe dans le système, etc.
L'Union assure qu'en 2013, « la commission 53, ainsi que d'autres membres de l'UAI, seront consultés sur l'éventualité de donner des noms populaires aux exoplanètes » et qu'en attendant : « les astronomes et le public sont encouragés à utiliser la nomenclature officielle ».
Source : Ciel et Espace