Décodons le xyloglossie utilisé par le politique standard...
(la Langue de bois est obligatoire comme première langue en étude de politique...)
Il est évident que tout ce qui suit n'est qu'une spéculation basée sur des
hypothèses documentées (j'ai mis les liens).
Mais vous m'accorderez que cela reste du même niveau que les réponses
que nous voyons couramment passer sur le domaine.
Donc, "
pourquoi pas moi" et spéculons un peu...
"
marché public de type PPP" : marché public avec "Partenariat Public Privé", où le contrat de partenariat est un contrat administratif par lequel - l'Etat ou un établissement public de l'Etat confie à un tiers- pour une période déterminée en fonction de la durée d'amortissement des investissements ou des modalités de financement retenues- une mission globale ayant pour objet la construction ou la transformation, l'entretien, la maintenance, l'exploitation ou la gestion d'ouvrages, d'équipements ou de biens immatériels nécessaires au service public- ainsi que tout ou partie de leur financement à l'exception de toute participation au capital.
Donc, on parle de donner le contrôle à quelqu'un ? A qui ?
Mais continuons scientifiquement...
"
baisser les consommations d’environ 50 % par an" : peut-être (j'aimerai voir les bases de calcul,
car au niveau international, on n'avance généralement que 25 à 30%, dans les meilleurs des cas, surtout
à cause des coûts d'entretien supérieurs...).
Oui, mais de toute façon à terme, pas immédiatement ! Donc, au départ : coût total, et
ce n'est que passé 60% des investissements que l'on va rentrer dans les frais, comme d'habitude
et encore... Il faudrait un ROI positif...
"
Le coût de l’énergie électrique restera à charge de la Sofico pour un montant total estimé sur 20 ans, en euros de 2017, de 6,5 millions par an, alors qu’il représente aujourd’hui plus de 12,5 millions par an. En tenant compte de l’évolution des prix, le coût moyen par an sur 20 ans s’élèverait à 9 à 10 millions d’euros."
et
"Les économies réalisées grâce à la réduction de la consommation énergétique
seront utilisées avant tout pour financer le PPP."
Heu ?
Ok, la durée est de 20 ans (donc 2017 - 2037)
- Estimation budget : 6,5m/an, budget global de 130 M eur.
- Estimation avec augmentation/inflation : 9-10M /an, soit 200 M eur au max.
- Cout actuel : 12M/an, soit 240 M/eur.
Donc, en 20 ans, le
gain théorique est de 40 MEur, soit 2M/an qui rentreraient dans une caisse
(à qui, sait pas encore...)
Oui, mais... Il faut compter les investissements nécessaires à la conversion !
=> https://www.afe-eclairage.fr/docs/2015/11/17/11-17-15-3-56-Eclairage_public_comparatif_solutions_pour_realiser_economies_Fiche_AFE_2015.pdf
Un exemple assez explicite (mais pas Belge, évidemment...) indique que pour 217 points lumineux, il faut compter
environ 1 Meur dans la conversion, avec un retour sur env 19 ans (je sais, j'arrondi, mais à côté de nos politiques, je suis un amateur...)
Combien de points lumineux à changer, au fait sur le "réseau structurant Wallon " ?
http://www.ibe-biv.be/media/pdf/Studiedag_2013/08_Denis_Cornet_MP_PPP_IBE_oct2013.pdf
Nous éclaire...
"93 700 luminaires– 75% des luminaires vétustes utilisent le SBP– 25% sont récents• La moitié en SBP (technologie sans avenir)• L’autre moitié en SHP et autres"Et donc, en faisant le tri, "
70 400 remplacements des luminaires vétustes ou obsolètes par du SHP"Bon, bon, bon... Mettons que l'on négocie bien et que l'on descente à 1 M eur par 500 luminaires
(ce qui serait déjà joli...)
Il n'en reste que 70400 luminaires, cela fait 140 M eur quand même...
(pacotille, dirons certains... Mais soit, continuons...)
Donc, en 20 ans
- économie électrique (théorique) = 40 Meur
- coût remplacement (théorique aussi) = 140 Meur
Solde = 100Meur, à financer sur nos impôts, évidemment...
La règle bien connue du "retour sur investissement" donne donc : (40 - 140)/140 = -0.71%
OUI mais, on vous dira c'est pour le bien public !
Donc, c'est un calcul intéressant...
Car pour un minuscule 140M, on va pouvoir bénéficier d'un fantastique éclairage
qui va transformer toute votre existence...
(là, ils n'ont pas faux, hélas, mais pas forcément dans le sens désiré...)
"
En outre, la technologie LED permettra d’adopter une stratégie d’éclairage « juste », c'est-à-dire au bon endroit, au bon moment et avec une intensité variable en fonction des heures de la nuit, en fonction de la présence d’automobiliste, en fonction de la configuration des voiries ou en fonction des conditions climatiques. Cette stratégie innovante générera également des économies d’énergie additionnelles"
OUPS ! Là, ce n'est plus 1Meur, cela sera plus cher...
Mais ok, à la longue, cela "use moins", donc, j'accorde un 15% de réduction en finale.
Mettons 1.5 Meur/500 luminaires, on est entre amis...
Donc : environ 210 Meur (pour faire rond) et le ROI passe à -0.8%, pas de quoi
fouetter un député...
Bon, les tâches d'achat, d'installation et d'entretien devront être aussi allouées à cette société, non ?
Donc, le budget total alloué : 210M/20 + 40M/20 = 10,5 + 2 = 12.5 Meur/an
12.5 Meur/an pour tout transformer en LED, un joli contrat.
Ok, maintenant estimons globalement les frais de migration hors LED :
Disons 70000 luminaires en 20 ans = 3500/an, si 10 luminaires/jour (joli, déjà),
cela fait 350 interventions/jour + personnes à chaque point + matériel ad-hoc à chaque point...
Disons 2 personnes/intervention, cela fait 700 personnes en "staff", avec les taxes, cela nous fait
Selon
http://statbel.fgov.be/fr/binaries/SES%202010_Loon%20naar%20werken_FR_tcm326-206807.pdf
Env. 3000 eur/mois = 2,1 Meur/an pour les frais de base du personnel...
(en fait, cela serait plutôt 6000 eur... Mais comme on est avec l'Etat comme client, je ne doute pas
qu'ils vont faire passer un arrangement quelque part pour ne pas (trop) payer de taxes, où faire passer
sur un "plan" ou l'autre... Donc : positif : on engage ! !)
Ensuite, celui qui aura le contrat va négocier le prix d'achat des LED !
Mettons un bénéfice de 40% (vu l'ampleur) sur chaque conversion. Ok, donc 6.3 Meur de frais réel par an.
La firme choisie disposera donc environ de 12,5 - 2,1 - 6,3 = 4,1 Meur de bénéfice net/an
Ok, je n'ai pas enlevé le prix du "matériel" (difficile à estimer)...
Mais là, on ne l'achète pas tous les ans. Donc : mettons cela sur le côté pour le moment.
=> Quoi qu'il en soit : encore plus lucratif ! On va refuser du monde...
Conclusion à ce stade :- l'état décide "LED" et se décharge de la mise en route de son projet : en étant pas trop clair sur la stratégie, mais ok...
- elle utilise son "bras" armé économique pour la gestion des routes, la SOFICO, pour cela :ok, elle est là pour cela...
- qui décide aussi de "déléguer" cette tâche de conversion à une autre société, qui sera
décidée sur base d'un appel d'offre... : Mwais... Disons que cela sort de ses compétences, ok...
Et le marché sera (très) lucratif pour celui qui le rapportera...
Le côté "bien-être" ne sera guère qu'un détail vite oublié quand on alignera les zéros sur des chèques...
D'un autre côté, supposons que la gestionnaire prend sa commission (de gestion) au passage...
10,5 => 11 (+10% de SOFICO) => 11 Meur/an pour l'Etat...
Soit, 11 x 20 = 230 Meur en finale... En parallèle du "gain" fantastique de 40Meur.
Le budget à financer sur nos impôts est de 190 Meur en 20 ans... (une paille, on vous dit !)
En soit, donc, ce projet "conversion vers LED" est une jolie opération...
Comme la firme choisie devra engager des gens pour les conversions, cela calme le côté social
de l'affaire, le fait "vendre" et fait taire tout écologiste (ou astronome) peu collaboratif.
Oui mais... trois petit trucs me chagrine...
a) "
Il ne faut pas éclairer plus, mais éclairer plus intelligemment et moins...".
Et là, tant que l'on n'a pas vu un vrai projet, cela reste du spéculatif (encore plus que mes calculs, c'est peu dire...)
b) "
Il n’est donc pas prévu de les dédier à un nouvel éclairage sur d’autres routes régionales. La pertinence d’un tel nouvel éclairage ainsi que son financement devront être abordés dans un autre cadre."
=> on aurait pu être un peut plus ambitieux, non ? Limiter les bénéfices "alloués" et les allouer
à autre chose...
c) le "
financement via l'économie réalisée" me semble un cadeau... Et là, je m'interroge pour qui...
C'est là que c'est moins amusant... Au fait, c'est quoi SOFICO ?
http://www.sofico.org/fr/
Le décrit très bien
"
La SOFICO – Société de Financement Complémentaire des infrastructures – a été créée en 1994 par le Gouvernement wallon. L’objectif initial de cet organisme d’intérêt public était d’accélérer la construction des chaînons manquants ou goulets d’étranglement situés sur les axes transeuropéens des réseaux autoroutier et fluvial wallon." "Avec les années, les missions de la SOFICO ont été élargies. Aujourd’hui, le gouvernement wallon lui a confié la gestion du réseau structurant. Désignée maître d’ouvrage par un décret du 10 décembre 2009, elle finance, réalise, entretien et exploite 1200km d’autoroutes et 600km de routes régionales stratégiques 2X2 bandes ce qui représente 52,3% du trafic routier de Wallonie."
Et là, cela devient trouble...
En 2010, elle se distingue déjà avec une petit histoire de salaire et de "dérogation" sur les âges,
avec l’arrivée de Raymond Langendries (CDH) à la présidence...
http://www.lalibre.be/actu/belgique/la-sofico-paie-bien-son-president-51b8ecaee4b0de6db9c6f8a2
Mais surtout, il y avait du beau monde, dans le comité de direction...
http://www.levif.be/actualite/belgique/publifin-chronologie-d-un-scandale-qui-ebranle-toute-la-wallonie/article-normal-608601.html
"
Dénonçant un "bashing" visant le vice-président du gouvernement wallon Maxime Prévot (cdH), son directeur de cabinet Philippe Buelen démissionne de ses mandats rémunérés auprès de la Sofico (bras financier de la Région wallonne pour les grands chantiers), de la SRIW Immobilier, de la Sowalfin (financement des PME) et de New Win, filiale du groupe Nethys."
Tiens, si il y a du "Publifin like", il y avait de l'argent à se faire...
"
Le Conseil d’AdministrationComposé de 11 membres représentant la région, ils sont investis des pouvoirs les plus étendus pour accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la réalisation des missions de la société, conformément à la politique générale définie par le Gouvernement wallon.L’Administrateur délégué exécute la politique générale définie par le Conseil en vertu des pouvoirs qui lui sont délégués. Il assume également la gestion journalière de la société.Le Président du Conseil est chargé des aspects stratégiques et des relations avec les organes de contrôle et de tutelle."
Et tiens... Sur la page d'information,
http://www.sofico.org/fr/qui-sommes-nous/les-instances-ca-et-codi
Nous trouvons toujours le nom de Philippe Buelen, au poste de "Commissaire"
(de gestion aux comptes ?...)
Et ailleurs, nous trouvons aussi les traces du (pourtant ancien) président...
Administrateurs :
Mme. Déborah DEPAUW
M. Adrien DOLIMONT
M. Pierre GENGOUX
Mme Florence GIET
Mme. Ines MENDES
M. Georges PIRE
Mme Christine SERVAES
M. Philippe WILPUTTE
Administrateur délégué : Jacques Dehalu.
Ouch... Et surtout que l'on apprend qu'en 2006,
"
Pour faire face à ses obligations, la SOFICO dispose des recettes suivantes :- les péages (l'A8 et l'E40/E25 à Liège) 36,5 millions d'euros prévus au budget 2006- les droits de navigation qui seront supprimés dés l'entrée en vigueur du décret « Marshall » ;ces recettes seront remplacées par la rémunération qui sera versée par la Région en compensationde la mission de gestion du fonctionnement de Strépy réalisée par la SOFICO (3 millions d'eurosprévus au budget 2006) ;- les recettes liées aux centrales hydroélectriques et aux concessions autoroutières ;- les recettes résultant de la valorisation commerciale des fibres optiques.Quant aux travaux de réhabilitation des autoroutes E411/E25, la convention decommissionnement définit les modalités de remboursement à la SOFICO (8,4 millions d'eurossont prévus au budget 2006)".
Donc, ce contrat = une peccadille pour SOFICO... De l'argent de poche.
De quoi financer quelques comités pour s'occuper des aspects négatifs du projet ?
Allons, j'affabule... Des comités où on ne ferait rien tout en étant payé,
cela n'existe pas, voyons, restons sérieux ! Remarquez, intéressant, le profil des "acteurs"
Eric PONCIN :
- Secrétaire général (cdH, affilié au PPE).- Vice-président d’une société publique active dans la dépollution d’anciennes friches industrielles (SPAQuE SA de droit public)- Président de la société publique qui gère, pour la Wallonie, le réseau routier et autoroutier (Sofico, Société de Financement Complémentaire des infrastructures).- A été Commissaire du Gouvernement fédéral auprès de la société publique qui gère, entretient et développe le réseau ferré belge (INFRABEL SA de droit public).- Président du Marché Matinal de Bruxelles (MaBru, le principal marché de gros de Belgique) - puis, à partir de mai 2013, de l'Agence régionale bruxelloise pour l'investissement urbain et le management transversal des quartiers commerçants (Atrium). - Administrateur du C.H.U. Brugmann (2013 à 2015).- Administrateur de la Loterie nationale dont il préside le Comité d'audit.Un homme bien occupé, pour des journées de 24h... Il en doit pas dormir beaucoup.
Jacques Dehalu :
- membre du PS...- administrateur-délégué de la Sofico- le véritable patron de la société publique- responsable de sa gestion au quotidien- rémunération annuelle brute monte à 104 660 euros (2011)(un petit joueur, si on compare avec les autres Publifin...)
Et tiens, le dernier commissaire (vu que l'autre a démissionné...)
M. Romain LAMBOT
- un personnage discret...
- travaille pour le Ministre Marcourt...(donc : PS)
- Comme "Romain Lambot : Attaché - Budget - Subventions - Expansion économique"
Donc, un projet globalement "porté" par CDH + PS. Intéressant de voir comment il évoluera.
En gros :
- un marché bien trop intéressant que pour le laisser à des amateurs (ni des détracteurs "amateurs")...
- les arguments "bénéfices" ne me semblent pas un argument réellement "moteur"
- Quelque soit la société qui acceptera, elle ne le fera pas à perte...
Donc, ce "bénéfice" pour financer est un peu bizarre...
Et vu les acteurs qui ont mis ces "structures" au point, on ne peut (hélas)
que (légitimement) s'interroger...