Bonjour à Tous,
Observé depuis ma terrasse à Jamioulx : 5 observateurs.
Trajet : SE --> SO à une vingtaine de degrés au-dessus de l'horizon lors du passage au méridien.
Le bolide venait de la région de l'Aigle et a terminé sa course sous le Bouvier (Arcturus).
Certaines observations font état d'un éclatement que je n'ai pas observé; pas de bruit, durée du phénomène 4 s +/- 0.5 s. Magnitude estimée : -12 !!! Couleur rouge, bleu, et jaune.
Si jamais vous observé ce bolide, vous pouvez envoyer votre témoignage à Vincent Jacques, spécialiste des météorites, en complétant le rapport d'observation que vous trouverez ici
Son analyse :
Voici quelques résultats préliminaires suite à l'observation du bolide du 15/08/09 à 21H58 (heure locale)
Ce bolide a été très largement observé depuis la Suisse (Bâle) jusqu'à l'extrème sud de la Grande Bretagne.
La zone de visibilité couvre le sud des Pays-Bas, toute la Belgique, le Nord de la France (au nord d'une ligne Jura - nord Normandie), le Luxembourg et le sud ouest de l'Allemagne.
La magnitude apparente maximale est estimée à -10
La trajectoire réelle semble être orientée selon un axe Est-Ouest, passant à la verticale de la Gaume et du sud de l'Ardenne.
La durée d'observation varie selon la localisation des observateurs, elle est d'environ 1 à 2 secondes pour les observateurs lointains jusqu'à plus de 8 secondes pour les observateurs proches des côtes de la mer du nord et de la Manche.
Le comportement dynamique du bolide semble avoir été le suivant (sous réserves des témoignages):
Impact atmosphérique au nord de la Suisse ou du sud ouest de l'Allemagne; Fragmentation en deux masses, l'une des deux masse s'est vite éteinte. La fragmentation en deux masses a donné lieu à une ionisation très importante de l'atmosphère. A la verticale de la Gaume, la seconde masse a commencé à se fragmenter. Cette fragmentation a été continue jusqu'aux environs du nord de ParisQuelques points lumineux ont poursuivis leur trajectoire avant de s'éteindre.
La vitesse "assez faible" du bolide, ainsi que la régularité de sa pente pourrait avoir favorisé une érosion atmosphérique réduite et régulière.
Au nord de la région parisienne, et dans les Flandres françaises, des bruits typiquement associés aux chutes de météorites ont été perçus par les observateurs. Outre les bruits de grésillements "electrophoniques", des explosions etouffées et des légers sifflements ont été relatés.
Dans l'état actuel de la reconstitution de la trajectoire, et de la connaissance des différents témoignages, il est envisageable qu'une petite météorite puisse être tombé à proximité des côtes continentales de la Mer du nord ou de la Manche, dans une région située au nord ouest d'Amien, jusqu'à la frontière Belge. Bien entendu, l'éventualité d'une chute dans l'eau (Manche, Mer du Nord) n'est pas à exclure.
Compte tenu de la luminosité observée, de la fragmentation "réduite" tout au long de la trajectoire, de la pente régulière, et des couleurs relatées, je me hasarde à établir un portrait robot de la candidate météorite (mais cela n'engage que moi....).
Cette météorite devrait être de très petite taille, d'une masse inférieure à 300 g au sol (ce qui devrait correspondre à une masse pré-atmosphérique de 25 à 50 Kg), sa composition serait pierreuse, pas trop riche en métal. L'éventualité d'une chute multiple de plusieurs petites pierres est assez réduite.
Pour info, les chutes de météorites sont très rarement observées en Belgique. Ainsi notre pays recense aujourd'hui 4 météorites certifiées:
St Denis Westrem, tombée le 7 juin 1855 à 19h45; masse totale de 700g.
Tourinnes-La-Grosse, Tombée le 7 décembre 1863 à 11H30 du matin ; masse totale de 14 Kg.
Lesves, tombée le 13 avril 1896 à 07h30 du matin; masse totale de 2 Kg.
"Fagnes - Robertville" (nom provisoire) trouvée en 1976 et reconnue et analysée en 2005; masse totale de 182 g
On associe régulièrement la météorite du Hainaut, tombée le 26/11/1934 à 20h00 à la Belgique, car après avoir été très largement observée au dessus de la Belgique selon une trajectoire " Liège -Mons", la masse de 10 Kg tomba en France à seulement 60 mètres de la frontière belge.
La trajectoire parcourue par un bolide météoritique couvre généralement 200 à 300 Km selon sa pente et sa résistance à l'érosion atmosphérique. Cette distance est parcourue en quelques secondes. Sur cette distance, la météorite s'illumine par frottement atmosphérique vers 100 -110 Km d'altitude dès son entrée atmosphérique pour s'éteindre vers 20 Km d'altitude, refroidie par l'augmentation de la densité atmosphérique.
Après son extinction vers 20 Km d'altitude, la météorite continue à tomber de plus en plus lentement, largement ralentie par l'atmosphère. Une petite météorite percutera le sol quelques minutes après son extinction.
Si les météorites sont rares à tomber en Belgique, en raison de la faible taille du pays, il n'en reste pas moins qu'on y oberve régulièrement des bolides météoritiques.
Outre le bolide du 15 aout 2009, les derniers bolides météoritiques principaux à avoir été observés depuis la Belgique ont été observés:
le 17 janvier 2009 vers 20h00 ( Observé depuis la province de Liège et du Limbourg), il a donné lieu à la chute au Danemark d'une météorite carbonée rarrissime riche en acide aminé.
le 20 mai 2004 à 23h58 ( très largement observé et entendu depuis la Belgique, et aussi lumineux que le Soleil, le bolide a été suivi "à la trace" via les importantes perturbations sismiques engendrée par ses multiples explosions atmosphériques et ressenties par la population. Il aurait terminé sa course dans la campagne située à l'est de Cambrai, où plus d'une centaine de Kg de météorite s'y serait abimée... sans jamais avoir été retrouvée, malgré les très nombreux efforts qui ont été déployés par le MHNP pour en retrouver des morceaux.
Vincent JACQUES
http://france.allsky.camera.free.fr/observation.html
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