L'Inde doit lancer mercredi sa toute première mission inhabitée vers la Lune, une nouvelle preuve de son rang de grande puissance spatiale d'Asie en concurrence avec la Chine et le Japon.
La fusée sur son pas de tir.
Cet événement historique se déroulera un mois après que le rival chinois --qui dispose en la matière d'une colossale longueur d'avance-- a réussi à faire sortir un Homme dans l'espace et réaffirmé son ambition d'effectuer un vol habité vers la Lune.
Le lancement de la sonde lunaire indienne Chandrayaan-1 par la fusée vecteur de satellites (PSLV) est programmé mercredi à 06H20 (00H50 GMT) depuis le centre spatial Satish Dhawan à Sriharikota, une péninsule à la frontière entre les Etats méridionaux du Tamil Nadu et de l'Andhra Pradesh, à 100 km au nord de Madras.
La sonde Chandrayaan-1
"Tout se déroule absolument comme prévu", a assuré à l'AFP un directeur du centre spatial, M.Y.S. Prasad, en déclenchant le compte à rebours lundi à l'aube. Avant même la réussite de cette mission, le ministre des Sciences Kapil Sibal l'a qualifiée de "moment de fierté" pour l'Inde. Des météorologues surveillent tout de même la formation d'une dépression, voire d'un cyclone, au-dessus du sud du sous-continent d'ici à mercredi.
La mission devrait se dérouler en trois étapes: le décollage de la fusée, la mise en orbite de la sonde lunaire à 385.000 km de la Terre et une série d'expériences et d'observations autour de la Lune pendant deux ans, comme la recherche de présence d'eau, de minéraux et de substances chimiques.
Ce programme inhabité, d'un budget de 80 millions de dollars, sera suivi par un autre en 2012, peut-être même dès 2010, ont annoncé l'Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) et le ministre Sibal.
Après les alunissages de vaisseaux habités entre 1969 et 1972 dans le cadre du programme américain Apollo, les grandes puissances asiatiques --le Japon, la Chine et l'Inde-- sont engagées dans une course à la conquête de la Lune dont ils veulent faire une plate-forme d'exploration de l'espace et de la planète Mars.
New Delhi veut mener 60 missions spatiales d'ici à 2013, y compris vers la Lune et vers Mars, avant de tenter d'envoyer un être humain dans l'espace. Une fois Chandrayaan-1 réussie, "la prochaine étape consistera à envoyer une mission habitée vers la Lune pour laquelle des essais ont déjà commencé", a déclaré G.K. Menon, ancien patron de l'ISRO.
L'Inde était parvenue en 2007 à récupérer sur Terre une capsule envoyée quelques jours plus tôt dans l'espace. Il s'agissait d'une mission préparatoire à un futur vol habité dans l'espace.
Ce nouveau poids-lourd économique, qui se rêve en superpuissance, veut aussi se faire une place dans le club restreint des pays capables de lancer des satellites à des fins commerciales. Les Etats-Unis, la
Russie, la Chine, l'Ukraine et l'Agence spatiale européenne se partagent ce marché évalué à 145 milliards de dollars pour les dix ans à venir, selon le cabinet spécialisé Euroconsult.
En avril, l'industrie spatiale indienne avait déjà réussi l'exploit mondial de placer sur orbite --en même temps et avec un seul lanceur-- dix satellites, dont huit étrangers. Le géant d'Asie du Sud facture ses lancements 30% à 40% moins chers que d'autres agences spatiales internationales.
Le programme spatial de l'Inde, puissance atomique militaire, a démarré en 1963 mais était jusqu'à récemment réservé au lancement de ses propres satellites, dont le premier remonte à 1980.
New Delhi n'hésite pas non plus à offrir ses services dans l'espace pour la sécurité régionale: l'ISRO avait lancé en janvier un satellite espion israélien censé surveiller les installations nucléaires de l'
Iran, provoquant la colère de Téhéran.
source:http://fr.news.yahoo.com/2/20081020/tsc-l-inde-s-apprete-lancer-sa-premiere-c2ff8aa.html