1875 : quand les femmes du Harvard College Observatory changeaient le cours de l’astronomie
En se basant sur des calculs savants, des astronomes du laboratoire de la Nasa, Caltech, ont affirmé récemment qu’une neuvième planète pourrait exister dans notre système solaire. Des calculs qui reposent, en partie, sur le travail accompli par un groupe de femmes pionnières plus d’un siècle auparavant, au Harvard College Observatory. Qui étaient ces « calculatrices humaines » ?
12 déc 2016 Mise à jour 12.12.2016 à 10:28 par Florencia Valdés Andino
Edward Pickering, professeur d’astronomie et directeur du prestigieux Observatoire astronomique de l’université de Harvard fit l'impensable en embauchant des femmes. On le voit ici avec ses calculatrices humaines que l'on les appellera des… "computers". DR
Une solution presque impensable en 1875 : recruter des femmes
A la fin du XIXè siècle, le développement de la photographie permet une observation plus précise et plus poussée des astres. Une masse incalculable de données est alors produite. Mais les scientifiques ne parviennent pas à les analyser. Edward Pickering, professeur d’astronomie et directeur du prestigieux Observatoire astronomique de l’université de Harvard confie d’abord le traitement de ces informations à son assistant. Déçu, il le renvoie et opte pour une solution presque impensable en 1875 : recruter des femmes. Des calculatrices humaines en charge de la classification de ces informations. On les appellera des "computers", un anglicisme venu du mot latin "computare" - calculer, et qui sera le premier nom donné à l'ancêtre des ordinateurs.
Pickering cherche une main d’œuvre efficace, patiente et attentive aux détails. Des qualités jugées féminines. Mais il cherche surtout des collaboratrices peu exigeantes en matière de salaire ; le professeur lui-même doit chercher les financements de son laboratoire et tenir son budget. Les computers remplissent toutes les conditions car « elles gagnaient entre 25 et 50 centimes de l’heure. C’est la moitié de ce qu’un homme aurait gagné », explique l’historienne américaine des sciences Pamela Mack, qui a consacré de nombreux travaux universitaires aux femmes du Harvard college Observatory et à la place des femmes dans la recherche scientifique américaine.
Les hommes ne peuvent pas les concurrencer sur ce terrain. D’ailleurs, cela ne leur viendrait pas à l’esprit car les tâches que le professeur Pickering demande d’accomplir sont méprisées par ces messieurs qui préfèrent se consacrer à la théorisation.
Arithmétique et écriture lisible : les petites mains de l’astronomie
La description du poste ne fait que renforcer le rejet des astronomes. « La maîtrise de l’arithmétique de base et une écriture lisible sont les seules qualifications requises pour devenir un ‘computer’. Mais bien sûr, des connaissances en mathématiques sont les bienvenues », peut-on lire dans une lettre adressée à une candidate. Ces mots cachent néanmoins les ambitions d’Edward Pickering : localiser, répertorier et nommer toutes les étoiles de la Voie lactée. Autrement dit, cartographier le ciel.
Williamina Paton Stevens Fleming, première à intégrer le groupe, debout au centre, supervise ses collègues DR
Henrietta Swan Leviitt : sa recherche serait allée loin si on lui avait donné la chance de poursuivre DR
Article complet ici : http://information.tv5monde.com/terriennes/quand-les-femmes-du-harvard-college-observatory-changeaient-le-cours-de-l-astronomie